Étape 8 | Lure – Planche des Belles Filles / S’évader d'une casserole

L'ultime étape du Tour de France Femmes conduit le peloton vers des hauts sommets et à travers les roches les plus anciennes de France : le Dévonien. Le climat des Vosges, situées à l’époque juste au sud de l'équateur, ressemblerait aujourd'hui à un tour de vélo autour de la mer Rouge : chaleur impitoyable, air sec, peu de végétation. D'une part, ce serait très sûr : plus aucun animal ne vivaient dans les parages, plus de mouches dans les yeux, plus de moustiques attirés par la sueur.

Premiers pas sur terre

OEn revanche, très peu de végétation et donc aucune ombre pour s’abriter du soleil dardant. Car au Dévonien, les plantes venaient tout juste de commencer à envahir les terres, accompagnées d'une étrange araignée (ou myriapode) qui s'aventurait hors de la mer pour se nourrir des carcasses échouées sur le rivage. Si vous étiez très chanceux, vous pourriez tomber sur un animal ressemblant à un crocodile tapi dans des étangs peu profonds qui utilisait ses quatre pattes maladroites pour marcher sur la terre. Les ancêtres de tous les animaux à quatre membres, y compris nous-mêmes, étaient encore en train de comprendre la base des mouvements nécessaires à la vie hors de l'eau.

Guerres de poissons

Le monde dévonien était étrangement calme, on entendais seulement le sifflement du sable sur les dunes. Pas de chants d'oiseaux, pas de gazouillis de criquets, pas de bourdonnement de mouches, pas même le murmure du vent dans les cimes des arbres. Nos ancêtres dévoniens ne savaient pas très bien respirer sur terre et leur gorge n'était pas encore prête à hurler ou à aboyer. Mais si la terre sèche du Dévonien ressemblait à une surface saharienne ou martienne de couleur rouge, les océans n'étaient pas si différents d'aujourd'hui. Si vous deviez enfiler un tuba et descendre dans le monde marin Dévonien, vous verriez une mer regorgeant de poissons et de récifs construits par des coraux et des éponges. Vous pourriez commencer à vous demander s'il y avait une guerre en cours : les poissons ressembleraient à des sous-marins, vêtus d'épaisses plaques de blindage et avec des mâchoires d'une taille inquiétante avec la force de morsure d'un grizzly irrité.

Terre de volcans actifs

Mais il y avait quelque chose de plus troublant que le poisson cuirassé : les Vosges, au Dévonien, étaient une terre de volcans actifs qui envoyaient de la lave fumante dans l'océan et couvraient la terre de poussière. Ces volcans ont également augmenté les niveaux de CO2 dans l'atmosphère, provoquant une phase de réchauffement climatique. Les effets ont été catastrophiques : de grandes parties de l'océan devinrent anoxiques : l'eau contenait très peu ou pas d'oxygène. Cet environnement est semblable à ce qui pourrait se produire sur Terre à l'avenir : le CO2, la hausse de la température et le manque d'oxygène ont cuit les récifs et décimé les organismes marins dans l'un des plus grands événements d'extinction de l'histoire terrestre. Il était temps de sortir de l'océan en ébullition et de conquérir la terre. 

La vie sur terre semble considérablement moins difficile aujourd'hui, bien que les femmes qui escaladent La Planche des Belles Filles aujourd'hui puissent avoir l'impression de se débattre comme leurs ancêtres dévoniens !

I’m a junior geologist studying plate tectonics and their link with paleogeography. I go an ask the rocks directly on the field, study the structures then take some sample home for paleomagnetism analyses and geochronology.

Leny Montheil

I am a palaeobiologist, so I try to understand evolutionary and ecological processes through the lens of the rocks in which they have been preserved. This is a journey from single crystals under an electron microscope to biodiversity at the scale of entire palaeocontinents. I get to share the joys of this journey with students, which is very rewarding. Check our complete team.

Emilia Jarochowska