220 km |
Collines |
L'Himalaya en Europe |
Dans la première moitié de la sixième étape, nous nous trouvons sur le bord du Bassin parisien, dans le massif des Ardennes. Ces montagnes ne font aujourd'hui pas plus de quelques centaines de mètres d'altitude et sont une opportunité pour les coureurs de tenter une échappée et laissent ainsi de grandes chances de victoires pour les attaquants.
Une chaine de montagnes gigantesque barrait l'Europe
Mais lorsque les Ardennes se sont formées, il y a environ 335 à 300 millions d'années, elles faisaient partie d'une spectaculaire chaîne de montagne appelée "rhéno-hercynienne". Cette chaîne de montagne était gigantesque et allait de la Pologne aux Ardennes en passant par l'Allemagne, puis au sud de l'Angleterre, pour continuer de l'autre côté de l'océan Atlantique (qui n'existait pas encore) jusqu'aux Appalaches de l'est des États-Unis. Cette chaîne de montagnes s'est formée à la suite de la fermeture d’un océan (l'océan Rhéique) dont le planché a entièrement été consumé dans les profondeurs du manteau terrestre le long d’une zone de subduction. Cet Océan séparait deux masses continentales: (i) au nord (actuel) la Laurasie, qui comprenait les blocs de la Baltique et d'Avalonie et (ii) au sud une kyrielle de de petits blocs continentaux qui forment le bloc contintental Armorica (et qui comprend les massifs granitiques français des Vosges, du Massif central, du Morvan et du Massif armoricain de Bretagne).
Manche retroussée: Des roches sédimentaires arrachées, transportées et plissées
Le long de cette zone de subduction qui existait entre Armorica (France) et le continent Baltica-Avalonia (Belgique, Pays-Bas, Angleterre, Allemagne du Nord, Danemark) le panneau de plancher océanique plongeait vers le sud dans le manteau terrestre. En conséquence, lorsque toute la croûte océanique a été consommée, Avalonia a été entraîné sous Armorica, à ce moment là Armorica a agît tel un bulldozer sur Avalonia. Sur les côtes méridionales d'Avalonia, des dépôts de grès très épais, d'argiles et de calcaires se sont formés au cours de dizaines de millions d'années, dans des mers peu profondes, un peu comme la Grande Barrière de Corail en Australie aujourd'hui. Ces ensembles de roches sédimentaires ont été arrachées du reste de la plaque qui descendait sous l'Armorique, un peu comme lorsque vous retroussez vos manches sur vos bras. Cette "manche" retroussée, vous pouvez maintenant la voir dans les Ardennes. Mais la "manche" sédimentaire d'Avalonia n'avait pas une épaisseur de quelques millimètres, comme sur votre bras, mais de quelques kilomètres. Vous pouvez donc imaginer les forces et le temps nécessaires pour plier et briser ces roches et les pousser ensemble sur quelques centaines de kilomètres pour former une chaîne montagneuse assez haute et large (voir la coupe transversale de la figure).
Un peu comme l'Himalaya
Nous pouvons trouver un exemple moderne comparable à l'Avalonia/Baltica, aux Ardennes et aux Massifs français dans l'Asie actuelle (voir les cartes de la figure). Là bas, le continent indien (qui contient également des fragments continentaux plus anciens et des zones de subduction) est entraîné sous l'Asie par un panneau d’océan qui plonge dans le manteau. Les grès, les argiles et les calcaires qui existaient sur les côtes nord de l'Inde ont été, et sont, décollés et repliés comme une manche, formant les montagnes de l'Himalaya. Les parties méridionales de l'Asie, au niveau du plateau tibétain, sont similaires aux Massifs français, mais nous en verrons davantage dans l'étape de demain, lorsque nous quitterons les Ardennes pour nous rendre dans les Vosges ! Beaucoup dans le peloton doivent être heureux des 300 millions d'années d'érosion dans le nord de la France... sinon ils devraient monter sur le plateau tibétain aujourd'hui!
I am a structural geologist who studies plate tectonics. I am interested in how rocks deform at plate boundaries such as subduction zones (places where one plate dips beneath another). These areas very exposed to seismic and volcanic hazards I try to understand the relationship between the functioning of faults and volcanic activity and the way in which these phenomena control major changes in geography (formation and destruction of islands or continental bridge) over geological time.